De l'enfance sectionnée en deux parts, dont une d'angoisse à l'adolescence assiégée par le sexe, au simulacre d'occidentalisation qui est participation à une décadence, cette jeune femme dit tout parce qu'elle a voulu tout dire comme mise en garde à ses frères africains contre l'assimilation de certaines valeurs trompeuses. Jamais l'aliénation n'a été vécue avec une telle intensité par une sensibilité déchirée, jamais elle n'a été contée avec un tel déserpoir. "De plus en plus le fossé se creusait, désespérément. L'Afrique me rappelait à elle par ses élans, ses instants de poésie et ses rites. Mais je tenais bon le lien avec les valeurs apportées par la colonisation. Je ne pouvais plus retourner sur mes pas, ni même jeter un coup d'oeil en arrière".
Ken Bugul est maintenant retournée à son village "se blottir dans les cuisses chaudes de la mère, rouler dans le sable, écouter les contes et légendes..." Mais est-ce là tout? Les yeux qu'elle porte aujourd'hui sur ce village resté médiéval ont vu tant de choses qu'au village on ne saurait imaginer. Et sa sensibilité frémissante peut-elle être enfouie sous le pagne d'une paysanne? Son prochain livre nous dira peut-être comment s'est effectué par le pèlerin d'une Europe incroyable le retour au pays natal.
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